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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

L’empereur fut ravi de joie. Après avoir loué les talents littéraires de Hiouen-thsang, la rare élégance de son élocution, l’énergie et l’élévation de son caractère, et l’avoir mis au-dessus de plusieurs religieux célèbres, tels que Chi^tao-’an et Siu-’an, il l’invita à composer une histoire de son voyage^^1 et à faire connaître ainsi les mœurs des royaumes lointains du Bouddha, les monuments sacrés et l’enseignement de la Loi.

L’empereur, frappé de la haute capacité du Maître de la loi, voulut lui confier les fonctions de ministre et l’exhorta à quitter la vie religieuse pour le seconder dans la direction des affaires du monde.

Hiouen-thsang s’y refusa, en alléguant qu’entré dès son enfance par la porte noire (c’est-à-dire dans un couvent), et ayant embrassé avec ardeur la loi du Bouddha, il en avait étudié les principes mystérieux « et n’avait jamais entendu parler de la doctrine de Confucius, qui est l’âme de l’administration. S’il les abandonnait pour suivre les idées du siècle, il ressemblerait, dit-il, à un navire marchant à pleines voiles, qui quitterait les eaux de la mer pour voguer sur la terre ferme. Non-seulement il n’y réussirait pas, mais il ne pourrait manquer de se briser et de périr. Il exprime le vœu de finir ses jours en religion, pour remercier le prince de ses bienfaits.

L’empereur n’insiste plus ; mais il le prie de l’accompagner, avec son armée, dans une expédition lointaine,

1 Cet ouvrage est le Tathang-si-yu-ki ou Mémoires sur les royaumes de l’ouest, composés sous la grande dynastie des Thang, 3 vol. in-8°.