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LIVRE SIXIÈME.

par des chants cet événement extraordinaire, et une foule de laïques, oubliant les attraits du siècle et se dégageant de ses liens, partageaient leur joie et leur admiration. La procession, commençant à la rue Tchou-tsio-kiaï, la rue de l'oiseau rouge, » ne finissait qu^à la porte du couvent Hong-fo-sse (du grand bonheur), et occupait ainsi un espace de plusieurs dizaines de li (plusieurs lieues). Les habitants de la capitale, les lettrés, les magistrats du dedans (c*est-à-dire du palais) et du dehors, étaient rangés sur les deux côtés de la route, et se tenaient debout dans une attitude qui respirait à la fois l'amour et l'admiration. Les hommes et les chevaux formaient une masse compacte d'une étendue immense. Les magistrats préposés à la cérémonie, craignant qu'un grand nombre de personnes ne fussent écrasées dans la foule, ordonnèrent à tout le monde de rester en place, de brûler des parfums et de répandre des fleurs. Sur toute la ligne du cortége, on voyait flotter un nuage odorant et Ton entendait d'un bout à l'autre les sons cadencés des chants religieux. Ce jour-là, toute la multitude vit, en même temps, des nuages de cinq couleurs qui brillaient au soleil et se déroulaient en nappes étincelantes, sur une étendue de plusieurs li, au-dessus des livres et des statues, et semblaient tantôt les précéder, tantôt les accompagner. Quand on fut arrivé au couvent, ils s'évanouirent en un clin d'œil. Au jour Jin-chin, l'empereur reçut le Maître de la loi dans son palais de Lo-yang.

Au jour I-haï de la seconde lune (du printemps de l'année 645), le Maître de la la loi alla présenter ses