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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

devant de lui, à la tête de ses grands officiers. Après l’avoir salué et comblé d’éloges, il l’invita à entrer dans son palais. Chaque jour, il lui offrait un banquet aux sons des instruments de musique ; il faisait répandre devant lui des fleurs et des parfums, le comblait de toutes sortes de dons et lui demandait la permission de pratiquer la loi du jeûne et les règles de la discipline.

Ce brillant accueil dura pendant un mois.

Le roi Kiaï-ji (Çilâditya), revenant de châtier le prince de Kong-yu-tho (Kongyôdha ?), apprit que le Maître de la loi se trouvait auprès du roi Kieou-mo-lo (Koumâra). Il en fut surpris et s’écria : « Anciennement, je l’ai plusieurs fois appelé sans qu’il soit venu ; comment se fait-il qu’il se trouve là ? »

Sur-le-champ, il envoya un messager au roi Kieou-mo-lo (Koumâra) avec l’invitation pressante de lui envoyer de suite le religieux de la Chine.

« J’aime mieux, dit celui-ci, sacrifier ma tête que d’envoyer de suite le Maître de la loi. »

Quand le messager fut de retour et qu’il eut rapporté cette réponse, le roi Kiai-ji (Çîlâditya) fut transporté de colère. « Le roi Kieou-mo-lo (Koumâra), dit-il aux officiers qui l’entouraient, vient de me manquer de respect. Comment a-t-il osé, à cause d’un religieux, proférer des paroles aussi insolentes ? »

Il renvoya alors le messager et lui fit dire d’un ton menaçant : « Puisque je puis prendre votre tête, qu’on la remette immédiatement à mon messager pour qu’il me l’apporte. »