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dans sa préface du Fo-koue-ki, les obstacles qui s’opposaient précédemment à leur solution.

Fa-hien, dit-il, ne s’est pas fait scrupule de tirer de la langue Fan[1] toutes les dénominations mystiques qui lui convenaient et pour lesquelles il ne trouvait pas d’équivalent en chinois[2]. Il a ainsi rempli sa narration de mots d’une signification embarrassante et quelquefois douteuse, moitié chinois, moitié indiens, et qui ne sont plus ni indiens ni chinois, grâce à l’altération qu’ils ont subie en passant d’une langue où tous les éléments orthographiques suffisent à toutes les intonations, dans une autre langue presque entièrement dépourvue de moyens pour les exprimer. On sait que dans ces transcriptions le caractère symbolique de l’écriture chinoise disparaît totalement, et que les signes, au lieu d’être des images destinées à éveiller la pensée, ne sont plus que des articulations qui doivent frapper l’oreille. Même quand l’analyse du son est évidente, le mot indien, ainsi représenté au figuré, ne peut être restitué avec certitude qu’autant qu’on connaît le sens qui lui

  1. Le mot Fan est l’abréviation de Fan-lan-mo (Brahmâ) ; les mots Yen « paroles », et Yu « langage », précédés de Fan , signifient « mots indiens, langue indienne ».
  2. On verra plus bas (p. xvii, 1. 8) que l’emploi de ces sortes de mots ne dépendait point du goût ou du choix des écrivains bouddhistes.