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LIVRE TROISIÈME.

se dressaient au milieu des nues, et les faîtes des temples semblaient voler au-dessus des vapeurs du ciel. De leurs fenêtres, on voyait naître les vents et les nuages, et au-dessus de leurs toits audacieux, le soleil et la lune entraient en conjonction. Tout autour, serpentait une eau azurée que des lotus bleus embellissaient de leurs calices épanouis, et çà et là de beaux Kie-ni (Kanakas) « Butea frondosa » laissaient pendre leurs fleurs d’un rouge éblouissant, et des bois d’Amras « manguiers » les protégeaient au dehors de leur ombrage épais.

Dans les diverses cours, les maisons des religieux avaient chacune quatre étages. Les pavillons avaient les piliers ornés de dragons et des poutres où brillaient les couleurs de l’arc-en-ciel, des chevrons sculptés, les colonnes ornées de jade, peintes en rouge et richement ciselées, et des balustrades découpées à jour. Les linteaux des portes étaient décorés avec élégance, les toits étaient couverts de tuiles brillantes dont l’éclat se multipliait en se reflétant, et variait à chaque instant de mille manières.

Les Sam̃ghârâmas de l’Inde se comptent aujourd’hui par milliers ; mais il n’en est point qui égalent ceux-ci par leur majesté, leur richesse et la hauteur de leur construction. On y compte, en tout temps, dix mille religieux, tant du dedans que du dehors, qui tous suivent la doctrine du grand Véhicule. Les sectateurs des dix-huit écoles s’y trouvent réunis, et l’on y étudie toutes sortes d’ouvrages, depuis les livres vulgaires, les Weî-to (Vêdas) et autres écrits du même genre, jusqu’aux