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LIVRE TROISIÈME.

de la discipline, fit vœu de rester en cet endroit pour y offrir constamment ses hommages. « Ces éléphants, dit-il à ses compagnons, ne sont que des animaux, et pourtant ils savent offrir des fleurs et arroser la terre pour honorer la tour. Et nous, qui appartenons à la classe des hommes, nous qui, pour nous attacher au Bouddha, avons quitté la famille (embrassé la vie religieuse), comment pourrions-nous les regarder avec indifférence et ne pas prendre part à leurs pieux devoirs ? »

En disant ces mots, il prit congé de ses compagnons et se fixa en cet endroit. Il construisit une habitation, cultiva la terre, sema des fleurs et planta des arbres fruitiers, sans jamais être arrêté par la fatigue, pendant les chaleurs de Tété ou les rigueurs de l’hiver. Les princes des royaumes voisins, instruits de son dévouement, donnèrent chacun une partie de leurs richesses et de leurs joyaux pour construire et orner ensemble ce Kia-lan (Sam̃ghârâma) ; après quoi, ils prièrent ce Bhikchou d’en prendre la direction. Depuis cette époque jusqu’à nos jours, cet usage s’est constamment perpétué.

Après avoir fait cent li à travers ime grande forêt qui est située à l’est du Couvent du Novice (Çramanéra samghârâma) y il trouva im Stoûpa construit par Wouyeou [Açôka). Ce fut en cet endroit que le prince royal (Koumârarâdjâ) y après avoir traversé la ville, détacha ses vêtements précieux, son bonnet divin et son aigrette de perles, les confia à (son cocher) Tchen-to-kia (Tch’andaka) et lui ordonna de s’en retourner[1]. Dans

  1. Voyez le Lalitavistara, page 214.