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LIVRE DEUXIÈME.

Le Maître de la loi entra dans la grotte et s’avança sans guide. Au bout de cinquante pas, il heurta la paroi orientale ; puis, fidèle à l’avis du vieillard, il recula et resta debout. Alors, animé d’une foi profonde, il fit cent salutations, mais il ne vit rien. Il se reprocha amèrement ses fautes, pleura en poussant de grands cris et s’abandonna à la douleur. Ensuite, avec un cœur plein de sincérité, il récita dévotement le Ching-man-king (le Çrimdlddévi sinhanâda soutra), etc. et les Gâthâs (louanges en vers) des Bouddhas, en se prosternant après chaque strophe.

Lorsqu’il eut fait ainsi une centaine de salutations, il vit apparaître sur le mur oriental une lueur, large comme le pot d’un religieux, qui s’éteignit à l’instant.

Pénétré de joie et de douleur, il recommença ses salutations, et, de nouveau, il vit une lumière de la largeur d’un bassin, qui brilla et s’évanouit comme un éclair. Alors, dans un transport d’enthousiasme et d’amour, il jura de ne point quitter cet endroit avant d’avoir vu l’ombre de l’Honorable du siècle (du Bouddha).

Il continua ses hommages, et, après qu’il eut fait encore deux cents salutations, soudain, toute la grotte fut inondée de lumière, et l’ombre de Jou-laï (du Tathâgata), d’une blancheur éclatante, se dessina majestueusement sur le mur, comme lorsque les nuages s’entr’ouvrent et laissent apercevoir tout à coup l’image merveilleuse de la montagne d’or. Un éclat éblouissant éclairait les contours de sa face divine. Hiouen-thsang contempla longtemps, ravi, en extase, l’objet sublime et