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LIVRE DEUXIÈME.

Je vais, en votre faveur, monter sur cette butte de sable et vous procurer de l’eau. »

Comme tous les voyageurs se sentaient en danger de périr, ils s’empressèrent d’obéir à ses ordres et reçurent les défenses. Après quoi, le religieux leur donna ainsi ses instructions : « Quand je serai monté sur la colline, vous crierez tous : Maître A-fou j faites nous descendre de l’eau pour que nous en prenions suivant nos besoins ! » A ces mots, il partit. Peu d’instants après, les voyageurs lui adressèrent leur prière dans les termes prescrits, et aussitôt l’eau descendit à grands flots.

Les voyageurs furent remplis de joie et de reconnaissance ; mais le Maître ne revint pas. Us montèrent sur la colline et reconnurent que déjà il était entré dans le Nirvana. Après avoir poussé des cris de douleur, ils brûlèrent son corps suivant les usages de l’Inde ; puis, dans l’endroit où il s’était assis, ils construisirent avec des briques et des pierres une tour (un Stoûpa) qui subsiste encore aujourd’hui, et l’eau de la source n’a pas cessé de couler. Suivant le nombre plus ou moins grand des voyageurs qui passent en cet endroit, l’eau est plus ou moins abondante. Quand il n’y a personne, la source ne fait que suinter légèrement.

Le Maître de la loi passa la nuit à côté de la source avec ses compagnons. Il partit au lever du soleil, et traversa le mont In-chan qui est très -élevé et très-large. Il renferme de riches mines d’argent, et c’est de là que les princes des royaumes de l’ouest tirent tout l’argent dont ils ont besoin pour fabriquer leurs monnaies.