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LIVRE PREMIER.

possible de le retenir et de le ramener dans son premier chemin. Au bout de quelques li, il vit plusieurs arpents de pâturages verts, descendit de son cheval et le laissa brouter à son aise. Après avoir quitté ces herbages, il voulut retourner sur ses pas ; mais il se vit près d’un étang dont l’eau était pure et claire comme un miroir. Il descendit et en but à longs traits. Grâce à ce double secours, le voyageur et le cheval recouvrèrent une seconde fois la force et la vie.

Il se reposa pendant un jour près du pâturage et de l’étang. Le lendemain, il remplit son outre d’eau, coupa du fourrage et partit.

Après avoir marché encore pendant deux jours, il sortit enfin du désert de sables mouvants et arriva à I-’gou. Les périls de ce genre qu’il eut à traverser se comptent par centaines ; il serait impossible de les énumérer en détail.

Une fois arrivé à I-’gou, il s’arrêta dans un couvent où se trouvaient trois religieux de la Chine. L’un d’eux était un vieillard dont les vêtements descendaient à peine à sa ceinture. Il alla nu-pieds au devant du Maître de la loi et l’embrassa en pleurant.

Après l’avoir longtemps pressé sur son sein, avec des cris et des sanglots, il lui dit : « Pouvais-je espérer de revoir aujourd’hui un homme de mon village ? »

Le Maître de la loi éprouva aussi, en le voyant, une tendre émotion et ne put retenir ses larmes.

Tous les religieux étrangers et les rois barbares des pays voisins accoururent pour lui rendre visite.