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LIVRE PREMIER.

Quand il eut été admis au nombre des religieux , il resta avec son frère aîné.

À cette époque, il y avait dans le même couvent le maître King, qui expliquait le livre sacré du Nie-pan {Nirvana). Le Maître de la loi Tétudiait avec ime telle ardeur qu’il en oubliait le manger et le sommeil. En outre, il étudiait, sous la direction du maître Yen, le traité Che-ta-ching-lun [Mahâyâna samparigraha çâstra), et son goût pour la doctrine ne faisait que s’enflammer de joiu* en joiu*. Il lui suflisait d’avoir entendu expliquer un livre une seule fois pour en comprendre tout l’en- semble ; mais, après l’avoir vu ime seconde fois, il le sa- vait par cœur, de manière à n’en plus oublier im seul mot. Tous les religieux en étaient émerveillés, et, quand ils le priaient de monter au fauteuil, il exposait à son toiur les principes de ses maîtres avec autant de préci- sion que de clarté. Ce lut alors qu’il commença à fonder sa brillante renommée. A cette époque, il n’avait encore que treize ans.

Quelque temps après , les Souî perdirent le trône et tout l’empire fut en combustion. La ville impériale de- vint un repaire de brigands, et le pays situé entre les fleuves Ho et Lo une caverne de bêtes féroces. Les ma- « gistrats fiu*ent exterminés et les nombreux enfants de la Loi (c’est-à-dire les religieux) périrent ou prirent la faite.

Les rues étaient jonchées d’ossements et il n’y avait plus trace d’habitants. On n’avait vu rien de pareil , même à l’époque de la révolte de Wang-thong et des troubles