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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

religieux. Les aspirants, qui tous possédaient un savoir remarquable , étaient au nombre de plusieurs centaines. Le Maître de la loi, à cause de son extrême jeunesse, ne fut pas admis à concourir avec eux. Comme il se te- nait debout près de la salle des examens, il fut remarqué par Tching-chen-kouo, du titre de Ta-li-king, qui avait le talent de reconnaître et de juger les hommes. « Mon ami, lui demanda-t-il , qui êtes-vous ? »

Il répondit par son nom de famille.

« Désirez-vous être ordonné ? » lui demanda-t-il encore.

— « Certainement, dit-il, mais comme je ne suis pas assez avancé dans mes études, je n’ai pas eu le bonheur d’être admis à concourir. »

« Dans quel but voulez-vous entrer en religion ? » lui demanda-t-il.

— « Mon unique vœu, dit-il, est de propager au loin la loi brillante que nous a léguée le Bouddha. » Chen-kouo le félicita vivement de son projet, et, conmie tout son extérieur lui donnait une haute idée de sa capacité, il l’accueillit sans examen, et, le présentant à ses collègues , il leur dit : « L’instruction est facile à ac- quérir, mais l’élévation et la fermeté du caractère ne s’obtiennent pas aisément. Si vous ordonnez ce jeune’ homme , ce sera certainement le coryphée de l’école de Chi {Çâkya, c’est-à-dire des religieux). Seulement je crains que , ni moi ni Vos Excellences , nous ne vivions pas assez pour le voir un jour planer dans les nues et répandre la douce rosée (amrita). 11 ne faut pas laisser dans l’oubli un homme qui doit devenir illustre. »