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pareille réserve. Mais chacun n’a-t-il pas ses principes, et quelque relâchés qu’aient pu paraître les miens à certains rigoristes, je soutiendrai qu’ils sont bons, puisqu’ils ne sont point contraires à la justice ni à la loi naturelle. Selon moi, toute jouissance est permise pourvu qu’elle soit conforme à la nature ; en suivant l’impulsion de cette bonne mère, nous sommes toujours sûrs d’arriver au bonheur. Or, jouir par la volupté c’est son premier, son principal vœu ; satisfaire à ce vœu, c’est donc plutôt bien faire qu’errer. Il en est de même de nos relations morales : ne point faire aux autres ce que je ne voudrais pas qu’on me fît, voilà quelle a été toujours mon unique maxime, mon unique système. Cet axiome renferme à mon avis tous les devoirs de l’homme ; j’ai toujours tâché de ne point m’en écarter ; et en m’abandonnant entièrement à mon penchant pour le plaisir, j’ai cru m’y conformer plutôt que l’enfreindre. Cette morale paraîtra sans doute tant soit peu