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ce qui eût pu effaroucher l’austère vertu de ces honnêtes agriculteurs. Enfin, je me peignis comme une personne sensible qui avait été la victime de la séduction et des circonstances, et qui, malgré ses erreurs, avait conservé un bon cœur et des sentiments honnêtes. Le fermier et la fermière m’écoutèrent avec la plus grande attention, et il ne parut pas que mon récit eût fait sur eux une impression défavorable pour moi ; sans doute la manière dont je le terminai en ouvrant ma cassette et étalant à leurs yeux mon or et mes bijoux, ne contribua pas peu à empêcher un pareil effet : l’homme riche en impose toujours plus ou moins à ses semblables. Bref, mes hôtes donnèrent leur consentement à tout, et Jérôme et moi nous fûmes au comble de la joie ; je n’avais aussi rien caché au jeune fermier de mes aventures, mais il m’aimait trop pour que cet exposé de mes faiblesses passées pût altérer sa tendresse et son estime pour moi. Ma sincérité fit au contraire qu’il m’en estima davantage.