voyait paraître, la joie brillait dans ses
yeux ; j’y lisais que son âme eût voulu,
pour ainsi dire, s’élancer vers moi ;
lorsque je parlais, il m’écoutait avec une
attention qui indiquait plus encore que
le désir de s’instruire ; enfin tout annonçait
qu’il éprouvait l’ascendant d’un
sentiment secret qui l’entraînait vers
moi avec une force qu’il aurait tâché en
vain de réprimer. J’étais trop expérimentée
pour ne pas deviner la nature de
ce sentiment, et pour ne pas voir que le
germe de la sensibilité de ce jeune
homme, en se développant à l’époque
ordinaire, sa première explosion s’était
dirigée vers moi comme sur le premier
objet qui l’avait frappé. J’étais singulièrement
flattée d’avoir fait jaillir dans
cette âme neuve la première étincelle du
sentiment ; je cherchai à entretenir, à
augmenter ce feu par mille petites prévenances,
et surtout en paraissant faire
une distinction entre lui et les autres fils
du fermier. Je n’avais d’abord aucun
but ; la satisfaction que j’éprouvais
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