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jouissances : ils avaient une nombreuse famille, mais l’économie et le produit de leur ferme leur fournissaient au-delà de leurs besoins. Je me plaisais souvent à converser avec eux ; quoique je me misse constamment à leur niveau, ils avaient pour moi cette sorte de respect et de déférence qu’inspire toujours l’opulence et le faste à l’humble médiocrité. De trois garçons qu’ils avaient, le cadet fixait surtout mon attention ; à une taille des mieux prises, il joignait la figure la plus intéressante ; la candeur, la douceur, la sensibilité étaient peintes sur sa physionomie. Quoiqu’il fût fort timide, je remarquai aisément qu’il avait les dispositions naturelles les plus heureuses, et qu’il ne lui manquait que de la culture pour devenir un être important, et figurer dans la société d’une manière avantageuse, tant par le physique que par le moral.

Je ne tardai pas à m’apercevoir que Jérôme (c’était le nom du jeune fermier) m’avait prise en affection ; dès qu’il me