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opposé au vôtre ; la cause de la liberté n’a pas un plus zélé partisan que moi : tant qu’il coulera du sang dans mes veines, je soutiendrai cette cause de tout mon pouvoir. Sans doute un bon patriote se couvrirait de honte en se prêtant aux désirs d’un aristocrate. — Ces paroles parurent étonner le Chevalier ; il me regarda d’un œil fixe : Serait-ce là réellement, Julie, me dit-il, le principal motif de cette haine que vous avez conçue pour moi ? Ah ! s’il en est ainsi, dès ce moment je déteste, j’abjure une cause qui n’est point la vôtre, et je suis prêt à vous immoler mes intérêts les plus chers pour vous prouver mon amour ; ce sacrifice ne sera point pénible, puisque sans vous rien ne peut avoir de prix pour moi.

Ce que me dit le Chevalier me causa en même temps de la joie et de l’embarras ; d’un côté je désirais vivement de pouvoir rendre un Français à sa patrie et un partisan à la liberté ; de l’autre mon aversion pour le Chevalier combattait ce