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cœur : quoique je détestasse le Chevalier, je ne pouvais m’empêcher d’être flattée d’avoir fait naître en lui une passion aussi excessive ; d’un autre côté, j’étais attendrie par ses larmes, par le désordre où l’épanchement d’un sentiment profond jetait toutes ses facultés. Je sais trop ce qu’il en serait résulté, si la voix du patriotisme ne se fût fait entendre tout-à-coup au fond de mon cœur : Céderas-tu, me dit-elle ? Accorderas-tu tes faveurs à l’ennemi de la liberté, au fauteur du despotisme ? Rendras-tu heureux par l’amour celui qui cherche à plonger ta patrie dans les plus grands malheurs, à lui ravir un bien dont elle commence à peine à jouir… Cette voix me rendit à moi même ; je repris mon sang-froid, et je n’éprouvai plus que l’orgueil de voir à mes pieds un aristocrate.

Je répondis donc au Chevalier que tout ce qu’il pourrait me dire serait inutile. Apprenez, ajoutai-je, la véritable cause de mon refus : Je suis d’un parti