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rances, les preuves, les offres les plus séduisantes, rien ne pouvait m’ébranler ; ce n’était sûrement pas par vertu, par pudeur, par délicatesse que je résistais, et ma conduite paraîtra peut-être singulière à bien des gens, mais, de ce qu’une femme a été faible avec un et plusieurs hommes, on ne peut en inférer qu’elle doive l’être avec tous ; et si c’est l’attrait du plaisir bien plus que toute autre considération qui a toujours présidé à ses liaisons, elle doit être d’autant plus éloignée d’en former une qui, bien loin de lui offrir cet attrait, ne lui inspire que du dégoût et une espèce d’horreur.

Un mois s’écoula en efforts de la part du Chevalier, pour obtenir de moi quelque réciprocité, et en une résistance de ma part qui ne faisait qu’augmenter. J’étais excédée de ses poursuites et je réfléchissais si je ne devais pas quitter Aix pour m’y dérober, lorsque tout-à-coup il les cessa ; je fus trois jours sans le voir chez moi ni le rencontrer nulle part. Je m’imaginai que rebuté de l’inu-