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Dès que j’eus fait mordre la poussière au Comte, je remontai à cheval, je regagnai mon hôtel où des chevaux de poste m’attendaient, et je m’éloignai en toute diligence de la capitale ; je pris la route des Ardennes ; je revis le bon curé et lui fis part de la résolution où j’étais de vivre dans la solitude, éloigné d’un monde qui n’avait plus d’attraits pour moi. Je mis alors mon second projet à exécution, je fis construire cet ermitage ; je fis élever la croix que vous avez vue à l’endroit où je perdis Emilie et mon ami. Je ne me bornai point à cela ; je priai tant le Curé, que j’en obtins de faire déterrer leurs corps pour les mettre dans une espèce de tombeau que j’ai fait élever.

L’ermite, en achevant ces mots, me prit par la main et me conduisit au fond de son jardin devant un monument d’une architecture simple mais noble ; c’est là, me dit-il, que j’ai déposé les restes de ce que j’avais de plus cher. Ce tombeau me tient lieu de tout ;