Emilie ; elle continuait à m’instruire des
démarches du Comte pour l’amener à
ses vues. Un après-dîner je le trouvai
chez elle : à sa vue je ne pus me défendre
d’une émotion assez vive, cependant
je me contins et je saluai le Colonel respectueusement ; bien loin de répondre à
mon salut, il me regarda d’un air moitié
fier, moitié méprisant, en me toisant de
la tête aux pieds. Vous pouvez juger si
je fus indigné de cet accueil humiliant
du Colonel ; je feignis de ne m’en être
point aperçu, et m’asseyant près d’Emilie,
je commençai à converser avec elle,
sans paraître de mon côté faire la moindre
attention au Comte qui s’entretenait
pendant ce temps avec la tante. L’air à
moitié décontenancé de ce dernier, les
regards qu’il me lançait de temps à autre,
me laissaient assez deviner la situation
de son âme ; son trouble augmenta
encore lorsqu’il vit avec quelle effusion
de cœur Emilie semblait me parler ; il
ne put soutenir longtemps une situation
qui blessait sans doute trop son orgueil ;
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