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cette odieuse distinction introduite dans les temps barbares de la féodalité parmi les habitants d’un même état, se fait sentir d’une manière plus forte et plus désagréable pour ceux qu’elle rabaisse. L’Officier se croit tout permis ; il se croit au-dessus des lois, parce que la naissance et le rang l’élèvent au-dessus de la bourgeoisie, et le libertinage, la foule de vices dont le cœur de ces jeunes gens est infecté, venant joindre leur influence à celle d’un injuste préjugé, il n’est plus rien qui les retienne, aucun frein qui les arrête lorsqu’il s’agit de satisfaire leurs goûts et leurs penchants déréglés. L’arrogance de cette noblesse, les excès de ces militaires impudents suffiraient seuls pour justifier la révolution qui s’est faite en France.

C’est cet abus, l’ascendant du plus fort sur le plus faible et ce sentiment de son insuffisance, qui force si souvent un jeune citoyen honnête et brave à plier malgré lui devant un fat revêtu d’un uniforme. J’allais voir tous les jours mon

  
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