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était trop sage, elle m’aimait trop pour se permettre aucune démarche qui fût contraire à sa tendresse et à sa vertu. Elle m’instruisait de tous les efforts du Comte pour lui faire agréer son amour.

Les choses en étaient là ; le jour de notre union était fixé et j’étais déjà heureux du bonheur dont j’allais jouir, lorsque le père d’Emilie, qui était veuf, tomba malade et mourut quelques jours après des suites d’une goutte remontée ; cette mort me fut d’autant plus sensible, que la douleur d’Emilie était la mienne, et que je voyais par là mon hyménée différé. Lorsque ma maîtresse eut rendu les derniers devoirs à son père, comme la décence ne lui permettait pas de rester seule, elle se retira chez une tante, veuve d’un Procureur au Bailliage ; cette dame avait environ cinquante ans, elle passait pour avoir été fort galante dans sa jeunesse, mais dans le cours de son mariage et depuis son veuvage, sa conduite avait été irréprochable. Ce fut chez cette cousine que ma