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qui peut les amuser ; ils se rendent ainsi en quelque façon la cause de leur perte, car c’est dans ces bals que les Officiers, sans cesse occupés de la séduction, tendent leurs fils pour y prendre ces innocentes bourgeoises, déjà trop prévenues par le ton, les dehors et le luxe de ces militaires. Emilie parut faire la plus vive impression sur le Comte de B**, il ne dansa qu’avec elle, et par différents propos galants il lui fit entendre qu’il l’aimait. J’étais témoin de cette scène, mais comme j’étais assuré du cœur d’Emilie, la conduite du Colonel ne me causa que très peu d’inquiétude ; je crus d’ailleurs qu’un homme que je pouvais supposer blasé sur tout, n’était plus susceptible d’une véritable passion, et qu’en perdant de vue ma maîtresse, il l’oublierait entièrement. Je me trompais : les jours suivants le Comte chercha toutes les occasions de voir Emilie ; partout où elle allait, elle le rencontrait sur ses pas ; il tenta même de lui faire parvenir différentes lettres ; ma maîtresse