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son mariage, il me chérissait tendrement, et je lui tenais lieu de tout. Il prit le plus grand soin de mon éducation ; lorsque j’eus achevé mes études, il m’envoya à l’Université de Pont-à-Mousson pour y faire mon cours académique : j’y étais depuis trois ans, et après m’être fait recevoir avocat, je me disposais à retourner à la maison paternelle, lorsque je reçus la nouvelle aussi triste qu’imprévue, que mon père avait été frappé d’un coup d’apoplexie ; je partis sur le champ pour me rendre près de l’auteur de mes jours, mais hélas, il était trop tard, l’attaque avait été si vive, qu’il venait d’expirer au moment j’arrivai. Vous pouvez juger de la douleur que me causa une pareille perte ; elle absorba toutes mes idées et toutes mes sensations pendant plus de six semaines. Enfin le temps, à qui rien ne résiste, parvint à la modérer, à fixer insensiblement mon attention sur moi-même et sur les objets d’intérêt qui devaient m’occuper. À peine arrivé à ma vingtième année, je me

  
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