à la détruire est odieux, et en elle-même
la poudre est une invention infernale ;
mais en la considérant sous un point de
vue général et politique, cette invention
ne remet-elle pas entre les hommes un
équilibre que l’ascendant de la force et
d’une intrépidité féroce, avait fait disparaître ?
On ne verra plus des hordes de
barbares sortir du fond du Nord, inonder
les pays policés de l’Europe et de
l’Asie, et marquer leurs pas par le fer et
par le feu ; les batailles sont bien moins
sanglantes, on ne voit plus de ces mêlées
horribles, où les combattants acharnés
les uns contre les autres, se baignaient
dans des flots de sang, de ces luttes
affreuses qui ne finissaient que par la
destruction entière de l’un ou de l’autre
parti. Les nations éclairées auront toujours
l’avantage sur celles qui le sont
moins, puisqu’elles savent mieux tirer
parti des moyens de défense qu’offre la
poudre. Les ressources de l’esprit étant
toujours en proportion plus égales que
le nombre et la force du corps qui tient
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