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les mesures nécessaires pour effectuer notre nouveau projet, et nous ne nous quittâmes qu’après nous être promis de ne nous séparer jamais.

Le lecteur sera sans doute étonné de me voir prendre une résolution qui tient un peu de la folie du jeune âge ; après les belles réflexions qu’il m’a vu faire et la solidité de mes raisonnements, il aura peine à comprendre que j’aie pu abandonner subitement le solide pour l’agréable, et me déterminer à aller courir la prétentaine avec un jeune militaire dont je ne connaissais encore qu’imparfaitement le moral. Mais l’homme ne fait-il pas des folies à tout âge ; l’expérience et la raison ont beau présider à notre conduite, les passions l’emportent souvent, et dans une femme surtout il est rare que l’impulsion du cœur ne soit pas souvent la plus forte. D’ailleurs, la démarche que j’allais faire, légère en apparence, n’était point si inconsidérée ; j’ai dit combien van Eupen m’était odieux depuis que j’avais reconnu son

  
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