sur les adresses, parut éprouver un
mouvement de joie mêlé de surprise. —
Madame, me dit-il, d’un ton un peu plus
furieux, l’adresse seule de ces lettres
suffit pour vous rendre suspecte et pour
m’obliger à vous faire arrêter jusqu’à ce
que j’aie reçu des ordres ultérieurs du
Gouvernement général à qui je vais les
envoyer ; aussitôt il donna l’ordre de
me conduire à l’arrière-garde où étaient
les bagages, et de m’y garder à vue ;
puis me saluant d’une manière assez
froide, il s’éloigna sans attendre ma
réplique.
Cette conduite du Général Autrichien ne me donna pas une idée bien favorable de la galanterie tudesque ; du moins elle me fit voir que Messieurs les Allemands sont plus guerriers que courtisans, et plus zélés à remplir leurs devoirs qu’à témoigner des égards aux femmes : outre que j’étais très fâchée d’avoir si mal réussi dans ma mission, et que je craignais que ces lettres interceptées ne nuisissent beaucoup au parti patriotique,