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si tu n’as pas habité les forêts, si tu ne t’es pas séparé des hommes, du moins tu as vécu seul, isolé parmi eux. Qui eût pu s’élever à ta hauteur !…

Telle fut une des réflexions que je fis dans la route, en songeant qu’il vaut bien mieux voyager en poste dans une bonne chaise, que d’aller à pied, sans avoir d’autre gîte à espérer que le creux d’un arbre, et d’autre restaurant que les productions sauvages et insipides des forêts. J’arrivai heureusement à Mons : de là je pris la route de Turnhout où se trouvait le Général Vander Mersch avec un corps de Brabançons. Je n’étais plus qu’à une lieue de cette ville, lorsque j’entendis des tambours battre, et un instant après un gros de troupes que je reconnus pour des Autrichiens, débusqua d’un bois voisin et s’avança vers la grande route. À cette vue j’éprouvai une certaine émotion ; je me rappelai les Prussiens, et songeant, d’un autre côté, aux lettres dont j’étais porteur, ainsi qu’à ce qui m’était arrivé à Paris sur des