D’après la manière dont je me suis montrée
au lecteur, il n’aura pas de peine à
croire que cette dernière qualité de mon
amant ne fût d’un certain mérite à mes
yeux : nous vécûmes pendant près de
deux mois dans une agréable et douce
harmonie. Le Comte me consacrait tout
le temps que ses occupations importantes
lui laissaient. Cette connaissance
n’était point pour moi une source d’opulence,
comme l’avait été celle de M. de Calonne,
car on sait que le Comte de
Mirabeau est toujours aux expédients, et
que l’économie n’est pas une de ses vertus ;
mais outre que j’avais encore de
quoi vivre honnêtement pendant longtemps,
j’étais trop flattée d’avoir pour
amant un homme célèbre, un zélé patriote,
pour m’occuper de toute autre
considération ; cependant, au milieu de
nos conversations, je crus m’apercevoir
que M. de Mirabeau n’était point animé
par ce patriotisme pur, désintéressé qui
vous porte aux plus grands sacrifices, et
qui vous fait préférer le bien-être de la
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