Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/353

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 343 —


D’après la manière dont je me suis montrée au lecteur, il n’aura pas de peine à croire que cette dernière qualité de mon amant ne fût d’un certain mérite à mes yeux : nous vécûmes pendant près de deux mois dans une agréable et douce harmonie. Le Comte me consacrait tout le temps que ses occupations importantes lui laissaient. Cette connaissance n’était point pour moi une source d’opulence, comme l’avait été celle de M. de Calonne, car on sait que le Comte de Mirabeau est toujours aux expédients, et que l’économie n’est pas une de ses vertus ; mais outre que j’avais encore de quoi vivre honnêtement pendant longtemps, j’étais trop flattée d’avoir pour amant un homme célèbre, un zélé patriote, pour m’occuper de toute autre considération ; cependant, au milieu de nos conversations, je crus m’apercevoir que M. de Mirabeau n’était point animé par ce patriotisme pur, désintéressé qui vous porte aux plus grands sacrifices, et qui vous fait préférer le bien-être de la