pour me mettre autant qu’il m’était possible
au niveau d’un homme qui l’emportait
encore sur M. de Calonne en
génie et en talents. Le Comte de
Mirabeau parut surpris, comme l’avait
été ce dernier, de m’entendre raisonner
avec assez de sens, sur diverses matières
qu’il devait supposer au-dessus de ma
portée. Je croyais, me dit-il, ne venir
admirer qu’un beau visage, mais j’ai
encore à m’extasier sur un objet bien
plus rare dans une femme, l’esprit et les
connaissances. — Vous me flattez, répondis-je
au Comte, et je vous dirai,
comme certain auteur dont j’ai oublié
le nom : Je suis un instrument dont
vous avez bien joué. — Ah ! reprit-il
vivement, si cet instrument s’accorde si
bien au moral, s’il s’échappe de lui des
sons si harmonieux, avec quel plaisir
j’éprouverais son harmonie au physique !
— Vous touchez-là une corde un peu
plus délicate et plus difficile à émouvoir,
dis-je au Comte en souriant. — Mais,
Mademoiselle, répliqua-t-il, s’il existe,
Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/348
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 338 —