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sur leur nature, sur les hommes et sur les choses, nos inclinations ont ordinairement un autre principe, un principe plus solide que dans la jeunesse. Dans cette dernière, ce n’est presque jamais que par les yeux que le cœur est pris ; c’est une cause inconnue qui nous lie à un homme ; nous l’aimons parce qu’il nous plaît, parce qu’un charme secret nous attire vers lui, et dans ce dernier cas, les dehors, la bonne mine, les agréments de la physionomie déterminent presque toujours cette première impression qui forme l’amour : mais dans l’âge mûr, les qualités de l’esprit et du cœur, l’estime, la reconnaissance, et surtout une continuité de communication amicale, conduisent ordinairement à la tendresse ; c’est ce qui m’arriva avec le Chirurgien : l’amitié fut le principe de la liaison plus étroite qui se forma entre lui et moi. Du moment où je m’aperçus que je lui plaisais, quoi qu’il ne me le témoignât que d’une manière fort délicate, je crus que je serais ingrate si je ne le payais point de réciprocité ; la