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ments poignants qui l’inondaient, je devins comme un être nul, anéanti. Ce sommeil ou cette mort momentanée, comme il plaira de l’appeler, dura près de deux heures.

En revenant de cet état, en recouvrant la faculté sensitive, j’étais comme si je sortais d’un profond sommeil ; je n’avais que des idées vagues et confuses de ce qui m’était arrivé ; mes yeux épaissis ne distinguaient qu’imparfaitement les objets qui m’environnaient ; enfin je reconnus que j’étais dans une chambre faiblement éclairée ; un homme que j’aperçus à côté de moi et qui m’adressa la parole en m’encourageant, me convainquit que j’étais moi-même et que j’existais encore ; j’étais si faible, qu’à peine pouvais-je prononcer un seul mot ; il me donna quelques gouttes d’un élixir qui me rendit quelques forces ; une demi-heure après, il m’en fit prendre une nouvelle dose ; elle fit encore plus d’effet que la première, et je me trouvai bientôt en état d’entendre et de parler.