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voyager ainsi une femme seule, j’avais pris des habits d’homme ; ce costume m’allait fort bien, et comme mes traits sont fort marqués et ma taille assez grande, il n’est personne qui ne s’y fût mépris. Arrivée à Compiègne, j’allais me remettre en route, après avoir fait un léger dîner, lorsqu’il entra une chaise de poste dans l’auberge où j’étais descendue ; il en sortit une dame et un abbé ; ils avaient un air effaré qui me frappa. L’abbé, s’approchant de moi, me dit : Monsieur va peut-être à Paris ; sur l’affirmative, il m’apprit que cette capitale était dans le plus grand désordre, que tous les citoyens avaient pris les armes, chassé les troupes du Roi, s’étaient emparés de la Bastille et en avaient massacré le Gouverneur ainsi que le Prévôt des Marchands ; que lui et cette Dame n’avaient eu que le temps de prendre la fuite pour ne pas être exposés à tous les dangers qui allaient être la suite d’une révolution aussi inattendue.

  
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