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cette lecture que la propension à l’amour contemplatif l’emporta chez moi sur les effets du tempérament.

C’est alors que le besoin d’aimer se fit sentir avec force. C’est alors que mes yeux troublés, obscurcis de mes larmes erraient involontairement dans le vague, ne sachant sur quel objet se reposer. Je cherchais un St. Preux. Je voulais un amant beau, sage, généreux comme celui d’Héloïse. J’étendais mes bras vers un objet fantastique que dans mon délire je créais pour moi seule… Vous, aimables jeunes gens qui commencez à sentir les premiers feux de l’amour, dites combien il est doux, ce tourment des sens et de l’âme qu’on éprouve à la voix de la nature…! Peignez cette force expansive, cette affluence de sensations et de sentiments, qui semble vous donner un nouvel être et qui prête de la vie à tout ce qui est inanimé et sans ornement pour les âmes apathiques et glacées par la vieillesse…

C’est dans ces moments où la nature