m’en frappa pas moins, et comme je
désirais depuis longtemps de revoir ma
patrie, mon esprit s’y attacha avec un
plaisir indicible ; je dis donc à l’ex-Ministre
que j’étais résolue de suivre
son conseil : Puisque j’ai perdu votre
cœur, ajoutai-je, il n’est plus rien qui
me retienne ici, et je partirai le plus tôt
qu’il me sera possible. — Mon ex-amant
parut charmé de ma résolution ; il me
dit qu’il me donnerait des lettres pour
plusieurs de ses amis, ainsi que pour
l’abbé de Calonne son frère ; je le remerciai
et nous nous quittâmes.
Dès le lendemain je disposai tout pour mon départ ; je pris congé de ma compatriote, de cette épicière qui m’avait si généreusement obligée ; le nouvel état d’aisance où j’avais été depuis, ne me l’avait point fait oublier. Mes adieux avec M. de Calonne furent assez tendres ; quoiqu’il n’eût plus de goût pour moi, ainsi que je l’ai dit, il avait cet attachement fondé uniquement sur le moral, moins vif que l’amour, mais ordinaire-