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plaignis mon pauvre maître et j’attendis avec impatience le moment où il reviendrait, car je me figurais qu’un être mutilé tel que la lettre me l’annonçait, devait avoir un air bien sot et surtout bien modeste.

J’attendis donc son retour et, pendant cet intervalle, mes idées se développèrent, en même temps que les grâces de la jeunesse venaient embellir mon visage et toute ma personne. M. Gilet qui s’était aperçu de mon amour pour la solitude et la lecture, me fournit assez le moyen de satisfaire mes goûts. Il persuada ma mère que je n’étais pas appelée aux détails domestiques, qu’il valait mieux me laisser suivre l’inclination qui me portait à l’étude, et il fut convenu que je lirais puisque je voulais lire.

J’idolâtrais Rousseau. Avant de connaître ce brûlant philosophe, mes goûts étaient des besoins qu’Émile et Héloïse épurèrent. C’est à lui que je dois quelques heureux moments, et c’est d’après