Madame de la Mothe, et les motifs qui
me portaient à la quitter, l’ex-Ministre,
qui connaît si bien l’art heureux des
transitions, fit tomber la conversation
sur un chapitre plus analogue aux vues
qui l’avaient engagé à me faire venir ; je
soutins assez bien ce nouvel entretien,
et quoique la figure de M. de Calonne
ne soit pas fort propre à exciter une
ardeur amoureuse, le grand motif qui
m’animait dissipa aisément toute impression
qui lui eût été défavorable ; aussi
l’ex-Contrôleur-Général parut-il fort content
de moi ; il me témoigna sa satisfaction
à sa manière, c’est-à-dire généreusement.
Une bourse pleine d’or fut ma
récompense ; il ne se donna pas la peine
d’en examiner le contenu : un Ministre
Français ne compte jamais quand il
donne comme quand il prend, et M. de Calonne
avait conservé son ancienne
méthode.
Je sortis le même jour de chez Mad. de la Mothe ; nous nous quittâmes comme deux femmes qui n’ont plus de