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rien ; au reste, comme cet endroit n’est pas favorable à un plus long entretien, venez demain matin à mon hôtel, nous parlerons plus amplement ; en achevant ces mots il me quitta sans attendre ma réponse.

Je fus quelque temps incertaine sur la nature de l’impression que cette proposition de l’ex-Ministre devait faire sur moi, et en effet, différents sentiments opposés justifiaient assez cette incertitude. D’un côté, la nécessité me faisait la loi d’accepter son offre ; de l’autre, le peu de disposition que je me sentais à aimer M. de Calonne, et surtout l’espèce de tache qu’il avait à mes yeux combattaient vivement l’impulsion du besoin. Deviendrais-je la maîtresse d’un homme odieux à ma nation, d’un homme qui l’a foulée, vexée ; irais-je vivre du fruit de ses rapines ! j’aurais à me reprocher les aliments que je prendrais, puisque ce serait de la substance des peuples que je me nourrirais : telles étaient mes réflexions ; mais ce fut ce patriotisme

  
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