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table qui la séparait de M. de Calonne ; elle fond sur lui, et ses belles mains qui jusqu’alors n’avaient fait que flatter la figure hétéroclite de son vieil amant, s’y font sentir d’une toute autre manière, et y forment une empreinte des plus désagréables : j’étais témoin de cette scène, et en vérité je ne savais si je devais rire ou m’affliger, car c’était un spectacle assez plaisant que de voir une jeune femme svelte et fringante aux prises avec un vieux penard qui malgré la supériorité de force de son sexe, avait peine à résister aux atteintes rapides et multipliées qui étaient portées avec une agilité sans égale. Cependant je me jetai entre les combattants, et je parvins à les séparer : l’ex-Ministre ramassa sa perruque, répara rapidement devant une glace le désordre de son ajustement, et prenant sa canne à bec de corbin, il sortit en murmurant les noms de G… et de P… La courroucée Comtesse le suivit jusqu’au bas de l’escalier, en lui ripostant par ceux de vieux coquin et de