dépourvu de sensibilité, inaccessible à
un sentiment tendre, mais la corruption
du siècle, les occasions, le fol espoir
d’une fortune brillante ont entièrement
détérioré un fond naturel des plus fertiles,
et ont changé la femme la plus
propre à faire les délices, l’ornement de
la société et le bonheur d’un homme, en
un être faux, dissimulé, trompeur, dangereux.
Telle est Madame de la Mothe,
telle j’appris à la connaître ; cependant
comme le fond du caractère ne se détruit
jamais, et qu’il surnage de temps à autre
à la foule des défauts et des vices acquis,
surtout lorsqu’il ne se trouve point en
collision avec ceux-ci, dans l’intérieur
et avec les personnes vis-à-vis desquelles
elle n’avait aucun motif de se
couvrir de son masque, il y avait plus à
se louer de la Comtesse qu’à s’en plaindre ;
elle était douce, bonne et même
assez communicative. Je ne tardai pas à
obtenir toute sa confiance, et comme il
y avait assez de conformité entre nos
caractères, (je parle du fond) et que nos
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