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ceux-ci ne reçoivent que la moitié de cette somme pour arrêter un homme, et que Morande leur payait le double, ils le laissaient aller. Ce fait est vrai, et l’on n’aura pas de peine à le croire, si l’on fait attention que c’est souvent dans un pays libre où la loi a peine à restreindre la liberté individuelle dans les bornes convenables, qu’il y a les plus grands abus de ce genre.

On peut juger si tout ce que m’apprit ma compatriote me fit plaisir ; je maudis avec autant d’emportement le scélérat Morande, que je l’avais fait de Jérôme ; je le trouvai même en quelque façon, plus coupable que ce dernier : 1o parce que Jérôme était moine, et conséquemment fourbe de son métier ; 2o parce que l’infâme gazetier avait abusé de ma confiance d’une manière encore plus indigne, puisque pour l’obliger je m’étais privée généreusement de tout ce que j’avais, et qu’il y a plus d’odieux et de noirceur à tromper ainsi qu’à voler. Je vis bien que je ferais d’inutiles efforts