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à elle sur mes inquiétudes au sujet du prêt que j’avais fait à Morande ; elle ne me laissa pas achever : Ma pauvre Julie, me dit-elle, quelle folie avez-vous faite ? Votre argent et vos bijoux sont perdus ; vous avez été trompée, et c’est par le plus grand escroc qu’il y ait dans les trois Royaumes. Alors ma compatriote m’apprit ce que c’était que Morande, la conduite que cet homme taré avait tenue en France, celle qu’il tenait en Angleterre ; qu’il était méprisé, vilipendé, honni par un chacun ; que cette liberté individuelle dont on jouissait en Angleterre, était seule cause que Londres ne rejetait pas de son sein cet excrément de l’humanité ; j’appris enfin que Morande était criblé de dettes, qu’il dupait tous ceux qu’il pouvait, qu’il était arrêté à chaque instant, mais que pour se tirer des mains des sergents, il usait du moyen suivant : il avait toujours un louis prêt dans sa poche, aussitôt qu’on mettait la main sur lui, il tirait ce louis et le présentait aux sergents ; comme