l’amour ; l’aiguillon de la volupté les
sollicite comme les autres hommes,
mais ils aiment les plaisirs faciles ; une
vile courtisane qui vend indistinctement
ses faveurs, et qui sollicite elle-même
tous ceux qui s’offrent à elle, a autant de
prix à leurs yeux qu’une autre qui a
besoin d’être recherchée, et qui consulte
son cœur plutôt que l’intérêt avant de
donner sa personne ; ils ignorent les
gradations qu’il y a entre le vice et la
vertu, et ne connaissent point de milieu
entre la raccrocheuse sans principes
comme sans délicatesse, et la femme
qui sacrifie constamment l’attrait du
plaisir à ce qu’elle appelle son honneur ;
voilà pourquoi il y a si peu de filles
entretenues à Londres ; l’Anglais hait
tout ce qui sent la chaîne, et fût-elle de
roses, il n’aime point d’être lié, son âme
grande et qui n’embrasse que de
grandes choses, ne peut se plier à ces
déférences mutuelles, à ces petits soins
et à tous les détails amoureux qui font
le principal charme d’une tendre liaison.
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