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ble la soirée la plus agréable, et nous ne quittâmes la table que pour aller goûter d’autres plaisirs. Mon amant se montra encore plus passionné que de coutume, et ce fut au milieu des plus vives caresses, que l’accablement de la volupté me porta de ses bras dans ceux du sommeil.

J’ignorais le proverbe trivial mais juste, qui dit : Qui te fait plus de caresses que de coutume t’a trompé ou veut te tromper. J’étais bien éloignée de soupçonner la moindre tromperie de la part de mon amant, et mon âme franche ne pouvait supposer de la dissimulation là où je ne voyais que de l’amour. Je m’éveillai, l’âme encore remplie des plaisirs dont je m’étais enivrée la veille. Le soleil qui dardait vivement ses rayons à travers mes jalousies, me fit juger que mon sommeil avait été long. N’apercevant pas Jérôme à mes côtés, je pensai qu’il s’était levé, et que ne voulant pas interrompre mon sommeil, il était allé se promener dans le jardin de l’auberge,