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En revoyant de nouveau la lumière ou plutôt le ciel, après une longue prison, je me sentis comme déchargé d’un poids affreux ; j’éprouvai un doux frémissement, et la joie si longtemps bannie de mon cœur, s’y fit sentir avec une force qui manqua de me faire perdre connaissance. Cependant comme je n’étais point en sûreté dans la capitale, et qu’il se pouvait que mon évasion ayant été découverte, on fît des perquisitions pour me retrouver, je sortis sur le champ de Paris par le faubourg le plus voisin, et gagnai la grande route du côté de Saint-Denis. J’avais déjà fait quelques lieues, et les forces commençaient à me manquer, lorsque j’aperçus une maison isolée à quelque distance du chemin ; je résolus d’y entrer et d’y demander l’hospitalité, ne doutant pas que les personnes qui s’y trouvaient ne s’intéressassent à mon malheur. Je frappai à la porte, une servante vint ouvrir ; j’ouvrais la bouche pour lui parler, lorsqu’en jetant les yeux sur moi, elle