terre, où le despotisme monastique
plonge ses victimes pour ne les en faire
sortir jamais. Vous pouvez juger de
ma situation ; je passai quelques jours
dans ce désespoir sombre, qui plongeant
tout notre être dans une sourde torpeur,
ne nous laisse aucun sentiment, pas
même celui de notre infortune. Lorsque
mes idées eurent repris peu à peu
leur clarté, mon état n’en devint que
plus cruel, puisqu’il me faisait voir
toute l’étendue de mon malheur. Tout
ce qui m’environnait concourait encore
à l’aggraver, et l’idée surtout que cette
affreuse situation ne finirait qu’avec ma
vie, me faisait éprouver des déchirements
affreux. Cependant l’espoir, cette
émanation divine qui n’abandonne
l’homme qu’à son dernier soupir, me
soutenait encore, et dans les faibles
mais cependant douces illusions dont
il repaissait mon âme flétrie et mon
esprit épuisé, je vins à songer s’il ne
serait pas possible de m’échapper de
ma prison ; cette idée eût été folle pour
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