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J’ai eu de l’humanité sans morgue, de la tolérance sans méchanceté, parce que j’ai trouvé que dans ce bas monde, on avait assez à souffrir des maux qu’on ne pouvait ni prévoir ni empêcher, sans encore s’alembiquer l’esprit pour s’en forger de nouveaux.

J’ai cru à l’existence de la vertu chez les femmes, parce que je ne cherchais point à scruter leurs motifs : je n’en voyais que les résultats et sans désirer d’en faire autant qu’elles, je les laissais se comporter à leur guise, bien persuadée que le bonheur dépend beaucoup de l’imagination, et que chacun est parfaitement libre de le chercher comme il lui plaît. Je ne me suis jamais beaucoup souciée de l’opinion publique, parce que l’opinion en France est d’une aussi grande instabilité que la mode ; que d’ailleurs, grâce aux lumières et au libertinage, les femmes peuvent être tout ce qu’elles veulent. Je me sentis née pour le plaisir, je me livrai aux plaisirs. Je me suis fait à cet égard un plan de