Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/178

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 168 —


est au pays d’Eldorado avec Candide, on parcourt l’île déserte avec Robinson, on analyse l’amour et le sentiment avec Héloïse.

Bien des lecteurs seront étonnés de voir une femme galante, une femme qui leur paraît avoir des principes si relâchés, raisonner aussi sensément, et non-seulement avec une sorte d’érudition, mais encore d’une manière assez conforme à ce qu’ils appellent la vertu ; mais ces lecteurs ne connaissent point la nature humaine ; qu’ils écoutent le raisonnement suivant : la sensibilité physique n’est autre chose que l’impression immédiate des besoins extérieurs sur nos organes ; plus ceux-ci sont délicats, plus l’ébranlement qu’ils reçoivent est vif. Cette impression constitue aussi la sensibilité morale, car nous ne sommes jamais affectés au moral que par des objets antérieurs ou par des réminiscences qui sont toujours la suite et l’effet de l’impression antérieure de ces objets. La sensibilité physique est