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conduisit jusque hors de la ville où l’on m’enjoignit de ne plus reparaître.

Tout le monde sait que dame Justice a la louable coutume de ne rien rendre de ce dont elle s’est une fois emparé ; en cela l’innocent n’est pas plus heureux que le coupable ; s’il échappe à un châtiment qu’il ne méritait pas, il perd au moins le peu de bien qu’il possédait lors de sa détention. Il semble qu’on veut le punir d’avoir eu seulement l’apparence du crime ; on lui fait porter la peine d’une méprise dont il a été la victime.

Quoi qu’il en soit, lorsque je sortis de la prison, je ne pus obtenir qu’on me rendît le peu d’effets qui m’appartenaient, et je me trouvai sans hardes, sans argent, et ne sachant où aller et que devenir. Je marchais à grands pas, réfléchissant à ma situation, lorsqu’à une demie-lieue de La Haye une vieille femme qui se trouvait sur mon passage, m’arrêta : Calmez votre chagrin, me dit-elle, j’ai une bonne nouvelle à vous