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fut aussitôt suivi des effets ; il me fallut recevoir et donner des baisers sans nombre, bien plus douloureux qu’agréables, car la peau revêche et tannée, la barbe dure et piquante des Prussiens, et leurs moustaches raides me déchiraient le visage ; cependant il fallait faire de nécessité vertu ; je m’armai de courage pour pouvoir soutenir le terrible choc que j’allais être forcée d’essuyer. Tout-à-coup un des Prussiens qui parlait français, me demanda si j’étais patriote ou stathoudérienne ; je ne crus pas devoir démentir l’opinion que je professais, je crus même qu’il y avait un noble courage à avouer ce qu’on était devant les défenseurs d’une cause opposée. Je répondis donc d’une voix ferme, que j’étais patriote ; celui qui m’avait fait cette demande, ayant fait part de ma réponse à ses camarades, il ajouta encore quelque chose qui fit partir d’un éclat de rire tous les assistants ; à l’instant même l’un d’eux me prend dans ses bras, me fait asseoir sur lui,